Chapitre 01
Une nouvelle nuit était descendue sur Sunnydale. Ce n'était cependant pas n'importe quelle nuit pour la plupart des habitant de la ville. A la veille de Noël, les retardataires effectuaient leurs derniers achats, dans une pagaille et une panique propre aux humains. Ils s'agitaient, courant d'un magasin à l'autre, victimes d'une ultime frénésie de consommation, le tout dans un brouhaha de conversations et de chants de Noël. Contemplant ce spectacle bruyant et bariolé de couleurs depuis le toit de la boutique Magic Box où il s'était perché, Spike s'apprêtait à vivre une nuit comme les autres, malgrè les décorations de noël suspendues un peu partout dans la ville.
Il n'avait jamais aimé la période des fêtes. Déjà lorsqu'il était mortel, ces réjouissances l'ennuyaient au plus haut point. Ce n'était que repas de familles interminables et réunions fastidieuses. Et depuis qu'il avait acquis l'immortalité, Noël était devenu un jour comme les autres, noyé dans l'infini écoulement du temps. Chaque jour était semblable au précédent et Spike avait fini, comme la plupart des vampires, par ne plus compter les années.
Mais depuis quelques temps, William le Sanguinaire avait changé. Il s'était remis à compter les jours, les mois et les ans même. Depuis que le vampire avait pris conscience de ses sentiments pour "La Tueuse", le défilement du temps avait retrouvé son sens. D'ailleurs, il pouvait dire que cela faisait exactement huit mois et cinq jours qu'il n'avait plus appelé "La Tueuse" par ce nom. Il l'avait d'abord appelée "Buffy", comme ses amis le faisaient. Puis quand son coeur ne put plus mentir, il osa l'appeler "Amour".
A son grand regret, Buffy ne l'acceptait pas. Elle refusait de croire aux sentiments de Spike et ne tolérait pas qu'il l'appelle "Amour", soutenant qu'une chose sans âme ne pouvait aimer ni ressentir. A ces pensées, le vampire éprouva un douloureux pincement au coeur. Il se recroquevilla sur lui-même, les mains crispées sur son torse. Malgré leurs baisers occasionnels et autres étreintes volées, Buffy refusait de s'éprendre de lui. Spike désespérait de réussir un jour à la convaincre de son honnêteté.
Alors il avait pensé, dans un dernier espoir, braver son aversion des fêtes de Noël et aller acheter un cadeau pour Buffy. Il voulait trouver le plus beau présent, qui cristalliserai son amour au milieu d'un paquet cadeau noir à ruban rouge. Malheureusement, il avait tant repoussé le moment fatidique du choix du cadeau - et de la confrontation à la foule de Noël, qu'il se retrouvait à devoir prendre cette décision si importante dans l'urgence.
« Qu'importe ! Pensa-t-il avec un sourire, Mon coeur me guidera. »
Spike descendit du toit de la boutique dans un saut silencieux et se réceptionna avec souplesse. Il rajusta son manteau de cuir usé et avec l'élégance toute féline qui le caractérisait, il se dirigea vers la rue commerçante éclairée de ses plus belles lumières.
- Bon courage... Se souhaita-t-il à haute voix.
* * * * * * * * * * * * * *
Perchée sur une chaise du salon, Buffy tentait désespérément d’accrocher la grande étoile tout en haut du magnifique sapin qui trônait au milieu de la pièce. Au bout d’un quart d’heure de vains efforts et de quelques jurons, elle se résigna à appeler sa petite sœur.
- Dawn ! Descend s’il-te-plaît ! J’ai besoin de toi. Dit Buffy avec une moue boudeuse.
En réponse à sa supplique, elle entendit sa sœur dévaler les escaliers en faisant tant de bruit qu’on aurait dit qu’un régiment entier s’était soudain précipité dans la maison.
- Tu ne peux décidemment pas te passer de moi ! S’exclama Dawn en pénétrant telle une furie dans le salon.
L’adolescente avait visiblement été interrompue au beau milieu d’une séance maquillage par les jérémiades de sa grande sœur. Buffy se tourna vers Dawn d’abord pour lui reprocher de ne pas mettre plus d’entrain à l’aider aux préparatifs de la soirée, mais son expression boudeuse se changea en admiration quant elle regarda sa petite sœur. Celle-ci avait revêtit une longue robe noire à manches très courtes et avait recouvert ses épaules d’un châle prune ayant appartenu à sa mère. Dawn attendait que Buffy lui dise ce qu’elle attendait d’elle et s’impatientait devant son silence.
- Quoi ! Dit-elle négligemment.
- C’est ma robe. Remarqua Buffy.
- Oh ! Mince, j’étais sûre que tu ne me laisserai pas la porter ! T’es toujours comme ça !
Dawn commençait à s’énerver toute seule, persuadée que sa sœur voulait récupérer sa robe.
- Non, non, c’est bon, garde-la. Tu es superbe dedans. Murmura Buffy, pleine de sincérité.
Dawn regarda sa grande sœur intensément. Buffy avait compris que sa petite sœur avait voulu se faire la plus belle possible, car c’était le premier Noël qu’elles passaient sans leur mère. Dawn voulait à tout pris en faire un joyeux souvenir malgré tout, et c’était pourquoi elle avait passé un temps infiniment long à choisir ses habits et à se coiffer. Elle venait de réaliser, au vu de la décoration luxuriante du salon, que Buffy voulait elle aussi que cette soirée soit merveilleuse, et elle se radoucit en comprenant cela.
Dawn s’approcha de la chaise où Buffy se tenait et lui tendit la main pour l’aider à en descendre. Buffy accepta son geste et sauta à terre. Elle mit la grande étoile dans les mains de sa petite sœur et lui désigna le haut du sapin avec une petite grimace. Dawn faisait dix bons centimètres de plus que Buffy. Elle regarda sa grande sœur avec un sourire malin.
- Bon, allez je t’accroche ça au sapin en dix secondes, mademoiselle « un mètre soixante ».
- Ah ah ah ! Très drôle ! ironisa Buffy, Pas la peine d’en rajouter, tu sais.
Dawn grimpa sur la chaise et posa délicatement l’étoile en haut de l’arbre décoré par sa sœur. Elles échangèrent ensuite un long regard.
- Bon c’est pas tout ça ! s’exclama Dawn, Moi, il faut que je finisse de me préparer !
Elle sauta à terre et, passant devant sa sœur, lui glissa à l’oreille :
- Et tu devrais t’y mettre toi aussi si tu ne veux pas accueillir tout le monde dans ta tenue de « Cendrillon a fait le ménage toute la journée ».
Buffy ne put qu’acquiescer à cette suggestion en se regardant dans un miroir et Dawn s’en retourna dans la salle de bains en étouffant un rire.